• 09 Nouvelle nuit au KL, surprises et imprévus, Tentation et déception, Sous la douche "avec" Jérémie, En attendans le bac

    25 Nouvelle nuit au KL : surprises et imprévus

    Samedi 26 mai 2001.

    Je suis toujours en train de mater Jérém et Thibault, fasciné par leur belle complicité, lorsque, de la même façon qu’elle s’était dispersée, leur meute se recompose aux abords du bar.
    Les mecs reprennent des boissons. Puis, soudainement, Jérém s’éloigne, avec son pas de petit mec bien assuré. Mais où va-t-il, bon sang ?
    C’est en suivant le regard amusé de Thibault que je comprends enfin. Et mon cœur se retrouve écrasé entre mes pieds, lorsque je vois le beau brun, cet incorrigible queutard, rejoindre une blondasse dans un coin de la salle et repartir avec elle vers les toilettes.
    Je reste là, figé, abasourdi, à regarder mon Jérém disparaître dans la pénombre. Dans mon ventre, la frustration de le savoir en train de rechercher un plaisir facile et rapide, alors que j’ai tellement envie de lui.
    Non, les mecs comme Jérém ne dansent pas. Car ils ont mieux à faire. Ils préfèrent boire et déconner avec leurs potes. Boire et draguer les nanas. Boire et se faire sucer par des salopes (oui, c’est la jalousie qui parle…).
    Les mecs « comme moi » dansent. Car, parfois, il est vital de noyer dans la musique pour reprendre le souffle, pour tenter d’oublier une brûlante frustration, une cuisante déception.
    Oui, pour un garçon dans mon genre, être attiré par un gars comme Jérém, un gars qui a ce défaut horrible d’aimer les nanas, est un exercice à la fois très excitant mais aussi moralement épuisant. Et quand on couche avec, à fortiori si on est amoureux, c’est d’autant plus compliqué.
    Alors, il y a des moments, comme cette nuit, où j’ai vraiment besoin d’un moment de répit. Je n’ai même pas envie d’aller retrouver ma cousine, j’ai juste envie d’être seul.
    Je trouve alors refuge sur la piste, en me noyant dans une foule moins attirante et donc plus apaisante, en me laissant étourdir par la musique.
    Certains boivent pour oublier, d’autres dansent pour oublier. Et c’est très efficace, la danse. Au fil des mouvements, les muscles se réchauffent, l’esprit se détend, on se sent pousser des ailes, et la tension retombe.
    Je danse seul depuis plusieurs minutes déjà, lorsque je remarque un beau garçon châtain clair, habillé d’un simple débardeur blanc terriblement sexy, en train de danser non loin de moi.
    Le mec est plutôt bon danseur, ses mouvements sont précis, harmonieux, c’est un bonheur de le regarder.
    Happé par ses mouvements, je le mate assez longtemps pour que l’inévitable se produise, et que nos regards se croisent. Et là, le sien s’ouvre instantanément dans un grand et magnifique sourire. Un sourire à la fois doux et charmeur, quia presque l’air d’une invitation.
    Mon cœur tape à tout rompre, j’ai l’impression d’avoir un tambour de machine à laver en mode essorage dans le ventre.
    Je ressens en moi un étrange mélange d’excitation et d’interrogations.
    Est-ce que je lui plais ? Je ne peux pas le croire. Déjà que je n’explique toujours pas comment une bombasse telle que Jérém peut avoir envie de coucher avec un gars comme moi…
    De toute façon, je ne peux pas aborder ou me laisser aborder par un mec, ici, au KL, alors qu’il y a la moitié du lycée qui circule. Et même en admettant que je sois à son goût, et que je trouve le cran de l’aborder, comment m’adresser à lui, pour lui dire quoi ?Je n’ai jamais dragué de ma vie, on fait comment ?
    « Débardeur Blanc » ne me quitte pas des yeux. Son regard me trouble, il me met mal à l’aise. Alors, face à ce malaise grandissant, je choisis la fuite. Je décide de couper le contact, de fuir le désir qui commence à devenir brûlant. Qu’est-ce que je peux être con parfois !
    Je détale comme un animal traqué, je quitte la salle Techno et je vais voir ma cousine dans la salle Latino. Je lui propose d’aller faire un tour dans la salle Disco et elle accepte volontiers.
    Changement de décor, changement de musique radical. Nous venons tout juste d’atterrir dans la salle, que la voix de Gloria nous rabat direct vers la piste de danse.

    You’re just too good to be true
    Can’t take my eyes off of you…

    Cette chanson a-t-elle été écrite pour un mec comme Jérém, un mec duquel on ne peut pas décoller les yeux, trop beau pour être réel ? Ou un mec comme « Débardeur Blanc », dont l’intérêt qu’il semblait me porter paraît, lui aussi, trop beau pour être réel ?
    Je n’arrive pas à m’enlever son regard de la tête, j’en suis comme aveuglé, étourdi.
    En fin de compte, peut-être que j’avais vraiment une touche. Si c’était le cas, ça aurait été un magnifique pied-de-nez à ce petit con de Jérém parti se faire sucer par une poufiasse.
    Je suis envahi par une déchirante frustration, doublée d’une furieuse envie d’essayer de rattraper l’occasion perdue. J’ai très envie de revenir dans la salle Techno et d’aller dire bonjour à « Débardeur blanc ».
    Mais comment expliquer cela à ma cousine, comment oser la planter là, comme une conne ?
    J’essaie de me raisonner, de faire taire mes regrets, j’essaie de faire le deuil d’une occasion ratée et de ne pas penser au fait qu’elle a probablement été ratée à cause de mon manque de cran.
    Pourtant, je ne peux m’empêcher de bouillir de l’intérieur, et d’avoir envie de me taper la tête contre le mur.
    Une fois de plus, j’ai besoin de réconfort. Une fois de plus, c’est la musique qui m’en apporte. La musique Disco c’est du bonheur à l’état pur gravé à tout jamais sur vinyle.
    Je suis bien parti pour me laisser emporter par Abba, Bee Gees, Donna Summer, et autres Boney M, lorsque ma cousine décrète qu’elle a envie de faire un tour dans la salle Techno. Une proposition à laquelle j’adhère immédiatement…
    Premier fait remarquable dans la salle Techno, l’absence de Jérém.
    Deuxième fait remarquable, la disparition de « Débardeur Blanc » des écrans radar. Merde, alors, et moi qui espérais le retrouver… quel dommage !
    J’ai soif. Je demande à Elodie si elle veut boire quelque chose, elle répond que non, qu’elle préfère danser. Je la laisse sur la piste de danse et je m’approche du bar, tout seul. Je m’assois sur un tabouret et je demande une bière blanche.
    C’est à ce moment-là que je vois Thibault approcher.
    « Salut ! » il me lance sur un ton plutôt jovial, tout en s’installant sur le tabouret à côté du mien.
    Son sourire est charmant, sans être forcément charmeur.
    Je trouve à la fois surprenant le fait que Thibault m’ait reconnu. Au fond, nous nous sommes parlé qu’une seule fois, et brièvement. Mais il y a des gars comme ça, des gars qui se souviennent de toutes les rencontres et qui savent montrer de la considération à tout un chacun, sans exception. Des gars comme Thibault, adorables sous tout points.
    « Salut ! ».
    « Tu vas bien ? ».
    « Pas mal, et toi ? ».
    « Un peu cassé par le match, mais ça peut aller… ».
    « Vous avez eu match cet aprèm ? ».
    Toujours entraîner un bogoss sur le terrain de sa passion.
    « Oui, c’était à Montauban… ».
    « Ça s’est bien passé ? »
    « Oui, même si le jeu était un peu… musclé… ».
    « Vous êtes quand même une bonne équipe… ».
    « Tu es déjà venu nous voir jouer ? ».
    « Oui, une fois… ».
    « Tu t’intéresses au rugby ? ».
    « Oui, un peu… ».
    « T’en as jamais fait ? ».
    « Non, je ne suis pas très sportif. J’aime courir sur le Canal, mais les sports co, c’est pas vraiment mon truc… ».
    Sa gentillesse, le ton de sa voix, chaud et rassurant, me mettent à l’aise. Thibault me sourit et je craque.
    Il y a un sujet de conversation qui me brûle les lèvres : Jérém. J’ai envie de lui poser plein de questions au sujet de son pote ; je sais que si je m’y prends bien, Thibault est le mec le mieux placé pour m’en apprendre davantage sur le passé de mon beau brun.
    Mais comment parvenir à lancer une discussion sur Jérém sans donner l’impression d’une curiosité suspecte ?
    En attendant, Thibault se charge de faire la causette.
    « Alors, ça se passe bien les révisions ? ».
    Soudain, je ressens une sensation bizarre. Est-ce qu’il se doute de quelque chose ? Lorsqu’on a quelque chose à cacher, on finit par devenir parano.
    Il est peu probable que Jérém ait parlé de la véritable nature de nos « révisions » à son pote Thibault, alors je reste vague :
    « Oui… pas mal… ».
    « Tu crois que Jérém va l’avoir, son bac ? ».
    « Je pense, oui… ».
    « En tout cas, c’est gentil de l’aider… ».
    « C’est normal, il a besoin d’aide et je suis content de le faire… ».
    « Tu sais, des fois il est un peu dur avec les gens, mais au fond c’est un mec bien… ».
    Je ressens dans les mots de Thibault une profonde affection pour son pote de toujours.
    Hélas, je n’aurai pas l’occasion de questionner davantage Thibault au sujet de Jérém : un instant plus tard, je le vois fixer un coin de la salle, puis se lever et agiter la main en direction d’un mec.
    « Excuse-moi Nico, je dois aller dire bonjour à un pote… à plus tard peut-être… ».
    « Oui, à plus tard… ».
    Ce n’est que la deuxième fois que nous échangeons quelques mots, vite fait, mais Thibault m’a donné d’emblée l’impression d’un chouette type, droit dans ses bottes, un mec vraiment adorable. Jérém a bien de la chance d’avoir un pote comme lui.
    Thibault vient de partir, et j’en profite pour aller faire un tour au petit coin. Je contourne la piste et je m’engouffre dans le petit couloir qui mène aux toilettes, toilettes qui s’avèrent être étonnamment désertes. Mais où est donc passé Jérém ?
    Les toilettes sont tellement calmes que je décide de tenter un truc que je ne fais jamais, faire pipi dans l’un des urinoirs alignés sur le mur.
    Ma tranquillité est de courte durée. Je viens tout juste de défaire ma braguette, lorsque j’entends quelqu’un arriver et s’installer à quelques urinoirs de moi.
    Ma surprise est de taille lorsque, du coin de l’œil, je capte un débardeur blanc. Le « Débardeur Blanc ». Mon cœur tape à tout rompre, mon dos est parcouru par des frissons incessants.
    Putain, qu’est-ce qu’il est beau, avec ce petit regard malicieux et coquin, avec ce petit piercing à l’arcade sourcilière que je découvre enfin à la lumière vive des néons. Sans parler de ce physique à hurler, de ce débardeur blanc à hurler lui-aussi…
    Ses yeux ne me lâchent plus. Le mec a un truc tellement magnétique dans le regard, je ne peux plus m’en détacher…
    Et il sourit. Ahhhhhh, ce sourire, cette arme redoutable, ce concentré de séduction qui ferait fondre le soleil lui-même.
    Puis, je le vois reculer à peine son bassin, avant de le tourner dans ma direction.
    Sa queue apparaît alors devant mes yeux, plutôt bien foutue, jolie et circoncise, dans un début de forme plutôt prometteur…
    « T’as envie ? » je l’entends me balancer.
    « Je ne sais pas… ».
    « Quoi, tu sais pas… t’as envie ou pas ? ».
    « Si j’ai envie, mais… ».
    « Tu suces ou tu te fais sucer ? »
    « Je suce plutôt… ».
    « Ok… rentre là-bas… » fait-il en indiquant la porte d’une cabine.
    Je me demande ce que penserait Jérém s’il savait que j’ai sucé un autre mec. Serait-il jaloux, au moins une fraction de ce que j’ai été en le voyant partir avec sa blondasse ? Ou bien, ça ne lui ferait rien du tout ?
    Je me dis que si je suce ce mec, les « révisions » avec Jérém ne seront plus jamais les mêmes. Mais est-ce qu’elles seront les mêmes après que je l’ai vu partir vers les chiottes pour se faire sucer par une nana ? Qu’est-ce qui m’empêche donc de suivre ce mec dans la cabine ?
    Mais mes peurs sont plus fortes que mon audace.
    « Je ne peux pas, je suis attendu… ».
    « Moi aussi je suis attendu, on va faire vite… ».
    Pourtant, si « Débardeur Blanc » me fait bien envie, il est vrai aussi qu’Elodie m’attend…
    « J’ai trop envie mais je ne peux pas… désolé… ».
    « Allez, rentre dans cette cabine… ».
    « En plus c’est tout ce que j’aime… » j’admets, en matant sa queue en train de durcir sous les caresses de sa main.
    « Alors on y va, cinq minutes… ».
    «T’as une capote ? ».
    « Non, mais c’est que de la suce… ».
    Plus les secondes passent, plus je sens mes jambes flageoler. J’ai peur : mais peur de quoi ? Je ne le sais même pas. Tout ce que je sais, c’est que je ne me sens pas rassuré.
    « Désolé mec, désolé… » je lui balance, tout en prenant mes jambes à mon cou et en sortant très vite des toilettes, sans même m’être soulagé.
    Je viens tout juste de sortir des toilettes, un peu secoué par ce qui vient de se passer. Je regarde l’heure, il est plus de trois heures du mat et la boîte ne désemplit pas. La nuit toulousaine avance, l’alcoolémie générale avec.
    Je contourne la piste de danse à la recherche de ma cousine. Mais ma recherche sera de courte durée. Elle s’arrête brusquement lorsque je sens une main se poser fermement sur mon épaule.
    « Débardeur Blanc » m’a suivi et rattrapé. Qu’est-ce qu’il veut ? Comment je vais me dépatouiller de ce pétrin ?
    Voilà les questions qui fusent dans ma tête pendant une fraction de seconde. Mais, lorsque je me retourne, une surprise de taille m’attend.
    « Salut… ».
    Soudainement, « Débardeur Blanc » n’existe plus, le KL n’existe plus, Elodie n’existe plus. Car mon Jérém est là, juste devant moi.
    Le torse enveloppé dans ce putain de t-shirt vert clair moulant, la chaînette posée dessus, le brassard tatoué juste en dessous de la manchette enserrant son biceps.
    En voyant le bogoss de près, j’ai confirmation de ce que j’avais soupçonné en le voyant de loin : ses cheveux sont très très courts autour de la tête, presque rasés, alors que son brushing en bataille sur le haut du crâne est à craquer. Le jeune loup sexy est passé chez le coiffeur ce samedi. Ah, putain, qu’est-ce que c’est sexy un beau mec aux cheveux courts !
    Je suis encore secoué par la rencontre avec « Débardeur Blanc ». Mais, en même temps, je suis retourné par la surprise, l’excitation et le bonheur de me retrouver face à mon bobrun. Alors, pendant une seconde, le temps que ma respiration redémarre, et mon cœur avec, je suis incapable de prononcer un simple mot.
    Jérém rigole sous la moustache : il le sait que je le kiffe au-delà du raisonnable, il le sait qu’il a un pouvoir immense sur moi, ça lui plaît et il en joue le petit con.
    « Tu es revenu des chiottes ? » je le cherche.
    « De quoi ? ».
    « Je t’ai vu partir avec la blondasse… ».
    Son petit sourire charmeur est devenu un grand sourire carnassier de bogoss impuni.
    J’ai à la fois envie de le détester et envie de lui comme jamais.
    C’est peut-être l’effet de l’alcool, ou bien le bonheur de le retrouver après les sueurs froides suite à la rencontre avec « Débardeur Blanc », mais j’ai terriblement envie de le serrer dans mes bras, de le couvrir de bisous, de plonger mes doigts dans ses beaux cheveux bruns, de les laisser glisser sous son t-shirt. Furieuse envie de le débraguetter, de me mettre à genoux et de le sucer jusqu’à le faire jouir.
    « T’es venu comment ? » me questionne le bogoss.
    « Avec ma cousine et des potes… ».
    « Je vais rentrer… » il m’annonce de but en blanc « je te ramène ? ».
    « Tu es pas avec tes potes ? » je m’étonne.
    « Si, mais eux ils vont rentrer plus tard… alors, tu viens ou pas ? ».
    Quelques minutes plus tard, après avoir averti Elodie, je quitte le KL en compagnie de mon beau rugbyman.
    C’est la première fois que je monte dans sa caisse, ça sent la cigarette mélangée à une vague mais insistante fragrance de mec. Jérém, quant à lui, sent terriblement bon. J’ai envie de lui sauter dessus.
    Je le regarde s’allumer une clope, la coincer entre les lèvres, démarrer la voiture, manœuvrer pour quitter le parking. Je le regarde conduire, emprunter le périph.
    C’est peut-être à cause du fait que je n’ai pas encore mon permis, mais je suis toujours impressionné par les gars à peine plus âgés que moi qui l’ont déjà. Je trouve un côté très viril dans sa façon de conduire. J’ai envie de lui faire un million de bisous, j’ai envie de lui.
    Le bogoss vient de se garer.
    « Vas-y, suce-moi… » me lance le bogoss, tout en défaisant sa braguette à la va vite et en dévoilant un beau boxer orange et blanc.
    Les rues sont désertes à cette heure de la nuit. Le silence insistant de la ville endormie provoque en moi une intense sensation de bien-être et de liberté. J’ai l’impression que, pendant ces dernières heures avant le lever du nouveau jour, tout est si « possible », si « à portée de main ».
    Une légère brise fait bouger le feuillage des arbres, rentre par les vitres baissées, caresse ma peau, éveille mes sens.
    La pénombre, l’endroit inhabituel et un brin risqué – cet espace public où, malgré l’heure tardive, un passant pourrait nous surprendre – rend la situation particulièrement excitante. J’en ai des frissons.
    Cette nuit, le bogoss ne veut pas une « révision » en bonne et due forme dans son appart, il veut juste une gâterie dans la voiture, garée à quelques centaines de mètres de chez moi. C’est une folie. Mais j’ai tellement envie de cette folie, j’ai tellement envie de lui !
    Je me penche sur sa braguette ouverte, impatient de sortir sa poutre raide du boxer d’où son gland dépasse déjà.
    Pendant ce temps, le mâle impatient a relevé son t-shirt vert pâle au-dessus de ses pecs. Je suis immédiatement assommé par l’intense parfum de déo de mec qui se dégage de sa peau dénudée. Et lorsque je relève la tête, je suis percuté, happé, sonné, assommé par la vision rapprochée et inattendue de ce torse de rêve entièrement dévoilé.
    Bénie soit la symbiose magique entre le tissu élastique du t-shirt et le relief de ses pecs, les deux rendant possible cette vision à couper le souffle, avec cette chaînette de mec qui dépasse au niveau de son sternum.
    Bonheur visuel, mais aussi bonheur tactile, lorsque mes doigts s’offrent le contact divin avec ces pecs saillants et fermes comme l’acier. Bonheur olfactif, odeur de peau tiède, de gel douche, de déo, odeur de son envie de se faire sucer. Par moi. Bonheur absolu.
    Fou de désir, je prends en bouche cette queue qui m’a tant manqué depuis une semaine. Je commence à le sucer et j’entends le bruit vif de la mollette du briquet, suivi par celui ouaté du tabac qui commence à brûler, le tout, accompagné d’une inspiration profonde et d’une longue expiration.
    L’odeur de la nouvelle cigarette envahit très rapidement l’habitacle, monte à mes narines, se mélange à l’odeur de sa peau, à l’odeur de sa queue.
    L’alcool et la situation inédite, excitante me donnent des ailes, je m’affaire sur sa queue avec un entrain tout particulier.
    Pendant ce temps, Jérém expire d’amples volutes de fumée qui s’échappent lentement de la vitre ouverte, tout en imprégnant l’air de la voiture avec cette odeur si caractéristique que je commence à associer, avec d’autres odeurs bien plus « mâles », à sa présence.
    Sans quitter sa queue des lèvres, je laisse à nouveau ma main se balader sur ses pecs. Je ne me lasse pas de les caresser, de les tâter, de ressentir cette fermeté impressionnante sous la peau douce et tiède.
    « Tu les kiffes, mes pecs, hein ? ».
    « Grave… » je concède, en quittant sa queue pendant une seconde, « t’es vraiment trop bien foutu… ».
    Du coin de l’œil, je capte une franche étincelle de fierté fuser dans son regard. Fou de lui, je m’attarde à faire des bisous sur ses abdos de béton.
    « Ça aussi, je kiffe grave… ».
    « Et ma bite, tu la kiffes ? ».
    Pour toute réponse, j’avale tout simplement cette queue, avec l’intention de faire disparaître entièrement son bel engin dans ma bouche.
    « T’es une bonne salope, tu l’avales en entier… » il lâche, la voix chargée de cette note d’excitation qui me ravit.
    « Mais tu peux faire mieux… » il enchaîne « je vais t’aider… ».
    Et là, en joignant le geste à la parole, il appuie très lourdement sa main sur ma nuque, m’obligeant à avaler son manche d’une traite. Son gland bute contre le fond de mon palais mais sa main continue à exercer une pression impitoyable.
    Lorsque sa main relâche la pression, je recommence à le pomper dans le but urgent de faire jaillir son délicieux jus de mec.
    « Putain, t’as vraiment une bonne bouche, toi… » je l’entends lâcher à un moment, le souffle haletant, l’esprit secoué par la tempête des sens que ma bouche est en train de provoquer en lui.
    « Ah, putain, tu vas encore m’avoir… » fait-il, la voix cassée par la déferlante de l’orgasme.
    Je sens ses muscles se contracter, j’entends son râle de plaisir étouffé dans sa gorge. Et j’entends ses mots :
    « Vas-y avale ! ».
    Et alors que sa main est à nouveau lourdement posée sur ma nuque, des jets lourds et puissants percutent mon palais, en répandant dans ma bouche ce nectar chaud au goût divin.
    Plaisir inouï, plaisir ultime, le plus exquis de tous les plaisirs, celui de voir, entendre, sentir, goûter mon bobrun en train de jouir.
    « Putain… la cigarette… » je l’entends s’exclamer, tout en penchant la tête en dehors de la fenêtre.
    J’adore penser que son orgasme a dû être particulièrement intense, au point d’en laisser tomber sa clope.
    Le bogoss allume une nouvelle cigarette. Il tire une taffe, il la coince entre ses lèvres et il envoie ses mains remonter le boxer, reboutonner la braguette, agrafer sa ceinture, remettre le t-shirt en place. Ainsi, le rideau tombe sur le plus beau des spectacles, la vision de sa nudité.
    Je le regarde, affalé sur le siège, le coude appuyé à la vitre, l’autre bras abandonné au long de son corps, le cou nonchalamment incliné, la nuque lourdement posée sur l’appui-tête, le regard ailleurs. C’est l’image du mec qui vient de jouir, et de bien jouir, l’image du mec qui vient de se vider les couilles et qui ne demande qu’à fumer une dernière cigarette avant de dormir.
    Le silence de la nuit est toujours aussi compact et parfait, la brise nocturne caresse ma peau, me donne envie de franchir le pas, d’être en phase avec moi-même. J’ai tellement envie de le câliner qu’à un moment ma main s’envole presque de son propre chef pour aller se poser derrière sa nuque et caresser ses cheveux ras, sa peau douce.
    J’ai tout juste le temps de goûter à ce contact délicieux, que le bogoss balance sa cigarette à moitié fumée par l’ouverture de la vitre, tout en se dégageant du contact de ma main.
    « Faut y aller, mec, j’vais rentrer… ».

    Quand de mes lèvres tu t’enlèves/ Un goût amer…
    … me rappelle que je suis au ciel…

    Je ne sais pas trop ce qui m’a pris alors de lui balancer, de but en blanc :
    « Tu vas le revoir, Guillaume ? ».
    C’est sorti tout seul : comme quoi, cette histoire devait me tracasser.
    « Qu’est-ce que ça peut te faire ? ».
    « Tu vas le revoir ? Le baiser encore ? » j’insiste.
    « J’ai pas de comptes à te rendre, mec… c’est notre deal… ».
    « Ah, parce que nous avons un deal ? ».
    « Oui, le deal c’est qu’on baise quand on en a envie et on ne se prend pas la tête… je baise avec qui je veux… » fait-il, avec un regard rempli de défi « si j’ai envie de me faire sucer par Guillaume, je me fais sucer par Guillaume… si j’ai envie de me faire sucer par une nana dans les chiottes du KL, je me fais sucer par une nana… ».
    « Il s’en passe des choses dans les toilettes du KL… ».
    « C'est-à-dire ? » fait-il, du tac-au-tac.
    « Ce soir, j’ai croisé un mec qui voulait baiser avec moi… ».
    Son regard de défi s’est soudainement mué en regard très interrogatif.
    « C’était qui ce mec ? ».
    « Qu’est-ce que ça peut te faire ? » je le cherche.
    « Tu le connais ? ».
    « Non, c’était la première fois que je le voyais… ».
    « Tu l’as sucé ? ».
    « Mais non, il m’a juste montré sa queue… et je n’ai pas osé… ».
    Je le regarde inspirer sur sa cigarette, les gestes soudainement brusques.
    « Vas-y… tu me fatigues… ».
    « Pourquoi, ça ? ».
    « Vas-y, je te dis ! » fait-il, agacé, en se penchant par-dessus mes cuisses pour ouvrir brusquement la porte de mon côté.
    Exposé ainsi à son parfum, j’ai à nouveau envie de lui ; face à son emportement, je n’ai pas le cran ni de creuser davantage le sujet Guillaume, ni de proposer autre chose côté sexe.
    « Merci pour le voyage… bonne nuit… » je lui lance.
    « C’est ça, gourre ! ».
     
    26 Tentation et déception

    Le lundi après cette nuit au KL – une nuit terminée dans la voiture de Jérém avec sa queue giclant copieusement dans ma bouche – je retrouve mon bobrun en cours. Mes sens en éveil maximal après cette petite gâterie très excitante, je suis très déçu de voir qu’il n’envisage pas de révisions.
    Le lendemain, Jérém se pointe en cours avec une chemise manches courtes complètement ouverte sur un débardeur noir du meilleur effet, le tout assorti à un short découvrant ses mollets légèrement musclés et légèrement poilus. Le bobrun porte une paire de grandes lunettes noires de bogoss, lunettes qui lui donnent une allure de mannequin, ou de star de cinéma.
    Puis, à midi, la chaleur faisant bien les choses, la chemisette finit par tomber et le débardeur noir moulant, ainsi que sa plastique de malade, apparaissent dans toute leur splendeur. J’ai envie de pleurer. J’ai envie de lui à en pleurer.
    Je passe toute la journée à m’imaginer le bonheur de le sucer en fin de journée. Ainsi, ma déception est cuisante lorsque je vois le débardeur noir quitter le lycée sans solliciter la moindre « révision ».

    Mercredi 30 mai 2001.

    Il me faudra attendre le mercredi pour que le bogoss me propose une nouvelle « révision ».
    « Chez moi à 18h15 ! » il me lance à la fin des cours.
    Mon mâle appelle, je réponds à l’appel de mon mâle.
    Lorsqu’il vient ouvrir la porte, le bogoss est déjà torse nu. Sa peau mate, au relief de pecs et d’abdos impressionnants, dégage une tornade d’effluves masculins. Ainsi, en même temps que l’image de sa perfection plastique aveugle ma rétine, un mélange olfactif explosif envahit mes narines. La proximité avec sa nudité est une expérience sensorielle intense. Putain de mec. Quand je dis que son corps tout entier sent le sexe…
    Ce qui explique qu’il ne se passe pas plus qu’une poignée de secondes, entre l’instant où ma main quitte la poignée de la porte et celui où elle saisit la poignée bien raide de Jérém.
    Jérém, quant à lui, il semble plutôt impatient de prendre son pied. La porte est tout juste refermée que déjà il est dos au mur, la ceinture défaite, la braguette ouverte, le jeans descendu à mi-cuisse.
    Notre coordination est parfaite, mes genoux touchent tout juste le sol à l’instant précis où sa queue raide bondit du boxer blanc et se présente devant mes lèvres.
    J’ouvre mes lèvres et j’avale sa queue, je la laisse glisser entre mes lèvres, je laisse sa virilité envahir mon palais.
    Et alors que son bassin commence à envoyer des petits va-et-vient, sa main atterrit sur ma nuque, imprimant une pression vigoureuse qui a pour effet d’enfoncer sa queue encore un peu plus profondément dans ma gorge.
    Puis, à un moment, Jérém sort sa queue de ma bouche, me repousse, il attrape mes épaules, me fait pivoter, me colle dos au mur, à sa place. Je me retrouve dans la même position que lors de notre toute première « révision », la nuque prise en étau entre le mur et sa queue qui s’enfonce lentement et inexorablement dans ma bouche.
    Ses doigts s’enfoncent dans mes cheveux, alors qu’il commence à me pilonner la bouche avec une puissance et une brutalité que je ne lui ai jamais encore connues, imposant le rythme infernal d’une pipe sauvage.
    A cet instant précis, ma bouche n’est plus qu’un trou dans lequel un mâle dominant prend son pied comme il l’entend, sans laisser le moindre répit. A cet instant précis, Jérém me fait penser à un animal en rut dont le seul but est de jouir.
    Est-ce l’excitation qui le rend si sauvage et si brutal ? Ou bien, est-ce qu’il prend du plaisir à me traiter de cette façon ?
    Quoi qu’il en soit, c’est tellement intense que je n’ai pas le temps de respirer, je suis en apnée. Très vite, j’ai besoin d’air, j’ai besoin de reprendre mon souffle. Alors, je le repousse, instinct de survie.
    Jérém revient illico à la charge, et je le repousse une nouvelle fois.
    « Attends… ! » je lui crie tout bas, le souffle court.
    Mais très vite, les odeurs de mec qui se dégagent de sa queue me font retrouver l’envie de la reprendre dans ma bouche.
    Sans plus attendre, j’avale en entier son manche puissant. Le bogoss recommence illico ses va-et-vient, toujours aussi puissants, tout juste un brin moins violents.
    Mais après une bonne série de coups de reins de plus en plus sauvages, Jérém se retire soudainement de mes lèvres. Il se positionne face au mur juste à côté de moi, il incline son buste, il prend appui avec ses mains contre le mur, il cambre ses reins. Ses fesses offertes sans pudeur ne laissent aucun doute quant à ses envies.
    Je m’apprête à m’engouffrer dans cette partie de l’intimité du beau mâle lorsque le galbe délicat de ses bourses attire mon attention. La tentation est trop forte.
    Ma langue se pose juste en dessus de ces bourses bien remplies, elle entreprend de lécher la ligne médiane, jouant avec ces couilles douces et fermes, massant tour à tour l’une et l’autre, alors que mon nez est enivré par des odeurs masculines entêtantes.
    Mon bobrun a l’air d’aimer, preuve en est que sa main gauche a glissé sur sa queue et qu’il se branle tout doucement.
    Mais assez vite, un brusque mouvement d’avancement de son bassin sonne la fin de la recréation, la fin de ce moment de pur bonheur passé à jouer avec ses boules, le cœur même de sa virilité. Il cambre un peu plus les reins, il m’indique la marche à suivre.
    Le bogoss m’intime ainsi, rien qu’avec un simple geste qui ne laisse guère de place aux interprétations, d’aller lui lécher la rondelle. Chose que je fais sans plus tarder, ma langue s’affaire sur son trou, pénétrant de plus en plus loin dans son intimité ultime, chose à laquelle je m’attelle avec un entrain qui semble le ravir au-delà de ses espérances.
    « Putain, vas-y, continue comme ça, c’est trop bon ! » fait le bogoss, sans vergogne, presque dans un état second.
    Puis, quelques instants plus tard, sans prévenir (décidément, la parole est une denrée rare ce soir), Jérém éloigne ses fesses de ma bouche. Il se retourne et me présente à nouveau sa queue, à dix centimètres de mes lèvres.
    Il m’aurait dit : « Ouvre la bouche, je vais jouir dedans, tu vas tout avaler », ça n’aurait pas été plus clair.
    Sans arrêter de se branler, Jérém avance son bassin, glisse son gland entre mes lèvres tout juste ouvertes et un premier jet épais en jaillit, puis un deuxième, et bien d’autres.
    Et alors que son goût de mec se répand une nouvelle fois dans ma bouche, je mesure la chance qui est la mienne de me faire défoncer et remplir la bouche par un petit con sexy pareil…
    Après avoir joui, le petit con range direct sa queue dans son boxer, il remonte son pantalon sans même se préoccuper d’agrafer sa ceinture, il passe un t-shirt, et il part dare-dare fumer une cigarette sur la terrasse sans m’adresser le moindre regard.
    Le bogoss fait durer sa pause clope, il reçoit le coup de fil d’un pote, il rigole au téléphone, il sourit. Et lorsque le coup de fil se termine, le Jérém déconneur et souriant disparaît instantanément. Le Jérém qui revient dans le studio est en effet un Jérém ténébreux, le regard fermé, un regard qui ne rigole pas. Un regard qui sait à lui seul me faire comprendre ce dont le bomâle brun a envie.
    Une minute plus tard, je suis allongé sur le dos, un coussin sous mes fesses, rempli par sa queue tendue, malmené par ses coups de reins puissants.
    Je m’enivre de la vision du mâle dans toute sa splendeur, en appui sur ses genoux, son torse dressé devant moi, me dominant de toute son envergure, ses mains saisissant tout à tour mon bassin et mes mollets pour envoyer de bons coups de reins.
    J’adore le regarder en train de me baiser, tout tendu à la recherche de son pied. Et je suis à chaque fois ravi et bouleversé par le contraste extrême et par la complémentarité parfaite de nos sexualités, le contraste entre le plaisir de Jérém, un plaisir de mec actif, et mon plaisir à moi, un plaisir de passif, le plaisir le plus intense que je connaisse.
    Jérém aime me baiser et moi j’aime me faire baiser par lui. C’est beau et tellement bon. Je ne peux me retenir de couiner mon plaisir.
    « Tu couines comme une salope ! » il me lance, le regard dur et excité, presque agressif.
    « C’est tellement bon, Jérém… » je lui chuchote.
    « Je n’ai pas entendu… ».
    « C’est trop bon ce que tu me fais… ».
    « Vas-y, dis-le que tu adores te faire défoncer par un mec qui a une bonne queue et des vraies couilles… »
    « Ah oui, putain, ta queue est un truc de fou… elle me fait jouir comme je n’ai jamais joui… ».
    « T’as envie d’en prendre plein le cul, hein ? ».
    « Oh, oui, vas-y, remplis-moi… ».
    « Je vais te remplir, oui, je vais fourrer ta chatte de petite pute… ».
    Le bogoss saisit mes mollets et soulève mes jambes, ses biceps se gonflent sous l’effort, mes pieds atterrissent sur ses épaules.
    Il recommence à me pilonner, le torse bien droit, tous pecs dehors, la peau mate et moite, ses mains agrippées à mes cuisses, beau comme un Dieu.
    Je mate les oscillations de sa petite chaîne sur la peau douce de ses pectoraux, je jouis en regardant l’image du plaisir s’afficher sur son visage, trouver écho dans sa respiration, dans ses ahanements. Je suis assommé par l’odeur de sa peau, de sa virilité, de son plaisir, un univers de sensations olfactives qui me shootent comme le plus puissant des joints. Je nage en plein bonheur.
    Mon corps tout entier est secoué par la violence de ses assauts impitoyables. Le plaisir que j’en retire est tel que je manque de jouir, sans même me toucher, à chaque va-et-vient de sa queue en moi.
    « Je vais te remplir… ».
    « Oh, oui… ».
    Je sens, je vois qu’il va jouir. Je ne connais pas sensation plus excitante, plus puissante, plus grisante, que celle qui m’emporte en cet instant incroyable, si fugace pourtant si intense, si beau, si attendu, lorsque je vois, lorsque je sens que mon Jérém va venir en moi.
    « Tu vas en avoir plein le… » je l’entends lâcher, tout en dégageant mes jambes d’un geste brusque, avant qu’un grand râle étouffé ne vienne attester l’arrivée de son nouvel orgasme.
    « … plein le cul… » il arrive à cracher dans un dernier effort, les mots se perdant au fond de sa gorge envahie par un puissant râle de plaisir qu’il s’efforce de contenir.
    Le bogoss en tremble, son corps est comme secoué par des spasmes. L’orgasme déboule sur son visage, emporte son esprit. Ses paupières tombent, ses lèvres s’ouvrent à la recherche d’air, les grimacements successifs de son visage me notifient une à une les giclées brûlantes qu’il est en train d’injecter en moi.
    C’est là que je perds pied. Car c’est toute la beauté du monde qui se presse devant mes yeux à ce moment-là, tout le bonheur concevable à la fois par mon corps et par mon esprit.
    Un instant plus tard, le bogoss s’affale sur moi de tout son poids, torse contre torse, peau contre peau, épuisé, le visage enfoncé dans le creux de mon épaule, sa queue toujours en moi.
    Je sens sa cage thoracique onduler au rythme de sa respiration accélérée, son souffle chaud dans mon cou, la moiteur de sa peau, les battements de son cœur, rapides, qui se mélangent, se superposent aux miens. J’ai presque l’impression que, par ce contact des corps, ce n’est plus seulement son énergie sexuelle que le bogoss me communique mais son énergie de vie tout court.
    A cet instant, je suis tellement bien : sa queue chaude et raide me remplit, le contact de son corps provoque en moi un intense bien-être. Je voudrais que cet instant dure à tout jamais.
    Ainsi, lorsque je crois deviner les prémices des mouvements pour se dégager de moi, je ne peux m’empêcher de lui demander :
    « S’il te plaît, reste encore un peu… ».
    Sur le moment, j’ai l’impression qu’il va m’écouter. Mais un instant plus tard, le bogoss se relève déjà, et il me domine à nouveau de tout son torse et toute sa virilité. Sa queue toujours en moi, il me lance :
    « Vas-y, branle-toi ! ».
    Voilà un programme inédit et surprenant, un programme qui n’est pas fait pour me déplaire. J’ai en effet très envie de jouir.
    C’est tellement bon de me branler, toujours envahi par sa queue, fourré de son jus de mâle.
    Et, comble du bonheur, Jérém ne me quitte pas du regard, comme s’il était curieux, comme s’il éprouvait un certain plaisir à me regarder faire. Encore mieux, j’ai l’impression qu’il a recommencé à mettre des petits coups de reins entre mes fesses.
    Je ne tarde pas à jouir à mon tour, mon orgasme décuplé par la présence de Jérémie devant moi, en moi, par cette queue autour de laquelle mon trou se contracte à chaque giclée, me renvoyant ainsi un supplément de plaisir.
    Je viens tout juste de jouir, lorsque Jérém se dégage de moi. Et, contre toute attente, au lieu d’aller fumer sur la terrasse, il s’allonge sur le lit, sur le dos, juste à côté de moi, en silence. Le seul bruit qui me parvient est celui de sa respiration encore excitée. En tournant un peu la tête, j’arrive à apercevoir son torse spectaculaire onduler au rythme des mouvements de son diaphragme : c’est beau un bogoss en train de récupérer de l’effort sexuel.
    Il ne s’écoule pas une minute avant que le bogoss ne s’assoupisse, la tête légèrement tournée vers le bord du lit.
    C’est la deuxième fois que j’ai la chance de regarder Jérém en train de dormir, la première était pendant le retour du voyage en Espagne, lorsqu’il s’était assoupi sur mes genoux dans le bus. Mais c’est la première fois que je le regarde dormir à poil, après qu’il a joui en moi.
    Et là, à cet instant précis, lorsque je le regarde, je ne vois plus un jeune mâle un tantinet macho, un puissant étalon dominant. Je vois un garçon vulnérable qui m’inspire une folle envie de lui faire des câlins, de le serrer dans mes bras. Et son cou à portée de ma bouche, c’est une tentation insoutenable. J’ai trop envie de lui faire un bisou. De la folie.
    Je passe un bon petit moment à le regarder dormir, sans bouger.
    Puis, la tentation se fait vraiment insupportable, je ne peux m’empêcher de caresser doucement le bas de sa nuque, là où ses cheveux sont coupés si courts, là où ils sont si doux.
    Mes doigts sont surpris face à cette sensation de tiédeur moite, de douceur extrême. C’est tellement bon que j’ai envie de pleurer. Je regarde son cou puissant à la peau mate et je suis saisi par une violente envie d’y poser mes lèvres. Sans plus réfléchir, j’avance mon visage et j’effleure sa peau, je pose un petit chapelet de bisous légers.
    Et là, Jérém ouvre les yeux, relève son torse musclé, il saute du lit, se poste devant moi, la queue à peine moins tendue. Et il me toise, l’air mauvais.
    Je baisse les yeux, attendant que l’orage tombe. Mais le bogoss se contente de passer un short, d’attraper son paquet de cigarettes et de repartir sur la terrasse.
    Pendant qu’il fume, je me motive à prendre une douche. Je suis tellement sonné par son attitude que je n’ai même pas le courage de plonger mon visage dans cet endroit merveilleux qu’est son panier à linge « sale ». Je me sens fautif d’avoir tenté ce petit câlin qui, je le savais d’entrée, allait le contrarier.
    Le passage sous l’eau chaude me fait le plus grand bien.
    Je sors de la salle de bain pile au moment où Jérém passe la porte-fenêtre pour revenir dans l’appart. Le bogoss s’arrête net et me laisse passer, sans même me regarder.
    Je me rhabille à toute vitesse, sans trouver le moyen de casser ce silence assourdissant qui s’est installé dans la pièce.
    J’ai l’impression d’avoir en moi tant de tendresse à donner, et ça m’attriste de la voir refusée et méprisée de cette façon. Quel gâchis…
    J’ai aussi envie de recevoir de la tendresse, ou au moins un tout petit geste qui me ferait me sentir autre chose que son vide-couilles, ne serait-ce qu’une main sur l’épaule, un sourire, même une simple poignée de main, un « au revoir » sans fuir mon regard. Tout sauf cette froideur, cette indifférence après m’avoir utilisé pour se soulager.
    J’ai le cœur lourd à un point que je ne peux me résoudre à partir sans tenter un dernier truc :
    « Jérém… ».
    « Quoi ? » fait-il, le ton agacé, sans quitter la rue des yeux.
    « Tu as jamais envie de câlins ? ».
    « Je baise, je fais pas de câlins… et si ça ne te convient pas, il vaut mieux qu’on en reste là ! ».
    « Mais Jérém… ».
    « Fiche-moi la paix ! ».
    Et le bogoss repart illico vers le bout de la terrasse en claquant la porte vitrée derrière lui.
    La dernière image que j’emporte de cet après-midi-là est son dos nu, spectaculaire, les avant-bras appuyés à la rambarde, son short retombant juste au-dessus de ses mollets musclés et finement poilus, le tatouage autour de son bras gauche, et cette chaînette sexy qui pend à la verticale de son cou penché en avant.
    Est-ce que la « révision » de cet après-midi a été la dernière avec Jérém ?

     
    27 Sous la douche « avec » Jérém.
    Mercredi 30 mai 2001.

    Plus tard dans la soirée, après le départ de Nico, après avoir passé des heures à son jeu vidéo préféré, le bobrun prend une douche, avant de passer au lit.
    Le jet d’eau tombe dru sur sa tête et sur ses épaules. Il trouve très agréable cette sensation de l’eau qui masse, qui caresse le cuir chevelu, le cou, les épaules, le dos, les bras, les pectoraux, qui glisse entre les abdos, s’engouffre dans le nombril, s’insinue entre les fesses, s’enroule autour de la queue, titille le gland et les couilles. L’eau rafraîchit, apaise les muscles endoloris suite aux entraînements, les bleus reçus lors des matches de rugby.
    Il reste ainsi un long moment sous le jet, sans bouger, les yeux fermés, le torse penché en avant, les deux mains appuyées contre la faïence, le cou plié, le visage tourné vers le bas.
    Le bogoss referme le robinet, il attrape le shampoing, il en balance un petit jet sur ses cheveux bruns, il masse. Puis, il se saisit du gel douche, il en fait gicler une bonne dose sur son torse et il l’étale sur les pecs. Lorsque ses doigts effleurent ses tétons, il retrouve le frisson apporté par des lèvres et par une langue chaude et humide.
    Le bogoss savonne les épaules, ses abdos, le dos, les fesses, il descend le long de son anatomie jusqu’à ce que ses doigts s’insinuent dans sa raie, jusqu’à ce qu’ils effleurent sa rondelle.
    Nouveau frisson, qui lui rappelle celui, bien plus intense, de cette langue s’insinuant dans cette intimité que personne d’autre n’a eu le droit d’approcher jusque-là. Ça faisait un moment qu’il avait envie de cela, mais il n’avait jamais osé le demander. Ce n’est que tout récemment qu’il a enfin pu assouvir ce fantasme, et sans même avoir besoin de demander. Ça lui a été offert, alors qu’il ne s’y attendait pas.
    Plaisir intense, mais plaisir coupable : le bobrun se dit qu’il ne devrait pas ressentir cette envie. Pourtant, elle est bien là, et qu’est-ce que c’est bon lorsqu’elle est assouvie ! Qu’est-ce que c’est bon de se faire lécher à cet endroit-là, tout en se branlant !Ou bien, se faire lécher tout en se faisant sucer, lorsque non pas une, mais deux bouches s’affairent pour son unique plaisir. Gicler dans une bouche, tout en se faisant bouffer le cul, c’est délirant !
    Et même se faire juste lécher, rien que ça, c’est sacrement bon ! Rien que le fait d’y repenser, ça le fait bander.
    La mousse se dégage copieusement sous ses gestes lents. Sa main passe sur ses couilles, caresse doucement la peau de ses bourses. Là encore, ça lui rappelle l’effet d’une langue titillant cette partie de son anatomie
    Ses doigts remontent lentement, effleurent le gland. Des frissons, comme de petites décharges électriques, se dégagent de ce bout de chair hypersensible.
    Le bobrun a encore envie de sexe. Il a envie de sentir des lèvres en train de le pomper, une langue qui titille son gland, une main qui le branle, d’enfoncer sa queue entre deux fesses bien offertes. Il a envie de sentir sur lui un regard complètement charmé, subjugué, il a envie de lire dans ce regard une parfaite soumission à ses envies de mec, il a envie de sentir dans ce regard une irrépressible envie de lui faire plaisir, de le faire jouir.
    Sa main gauche empoigne sa queue et commence à imprimer des mouvements de va-et-vient ; sa main droite remonte jusqu’à ses pectoraux et s’emploie à exciter son téton gauche.
    Le bobrun sent l’excitation monter au grand galop, il est même surpris et quelque peu troublé face à la violence de son excitation. Et, surtout, face à l’« objet » de cette excitation.
    Il s’efforce de penser à Anaïs, ou à d’autres nanas qui, mieux qu’elle, ont su bien s’y prendre pour le faire jouir. Ses « meilleurs coups », comme il les appelait en déconnant avec ses potes. Celles qui avaient été plus ouvertes que d’autres pour satisfaire ses envies – le laisser leur baiser la bouche, avaler, se laisser baiser sans capote, se laisser sodomiser sans capote, être assez endurantes pour le laisser les baiser à répétition. Et « sans casser les couilles ».
    Oui, avec ses « meilleurs coups », le bobrun croyait avoir atteint le summum du plaisir masculin. Du moins, c’est ce qu’il pensait jusqu’à un beau jour de mai où il avait joui comme jamais auparavant, ce jour où il avait pu réaliser tant de fantasmes en l’espace d’un seul après-midi, y compris ceux qu’il n’avait jamais eu le cran d’assouvir jusqu’à présent. Ce jour où, déjà, pour commencer, il s’était fait sucer comme jamais auparavant.
    Le bobrun rouvre l’eau pour se rincer. Les mains à nouveau appuyées contre la faïence, la respiration accélérée, le bobrun se sent à la fois excité et nerveux. Il a envie de jouir, il branle vigoureusement son mât tendu.
    Et lorsque son plaisir vient, il a beau essayer d’appeler les images de nudité féminine qui l’ont fait bander dans le passé, lors de ses nombreuses aventures, elles disparaissent face à une autre, plus intense que les premières, une image qui revient sans cesse à son esprit, associée à la notion même de plaisir.
    C’est cette image, ce corps, ce visage qui le hantent alors que le plaisir le submerge, alors que sa semence jaillit au bout de son gland, tombant dans le bac et se mélangeant à l’eau tiède qui tombe de son corps.
    Le bogoss, assommé, reste immobile sous l’eau qui tombe lourdement sur ses cheveux bruns, sur son cou, sur ses épaules et sur ses biceps.
    Ce n’est qu’après un bon moment qu’il trouve le courage de fermer le robinet et de sortir de la cabine de douche.
    Le bogoss attrape la serviette et commence à s’essuyer lentement ; il démarre par la nuque, il s’attarde sur ses cheveux. Le visage ensuite, puis les épaules, les bras, le dos, les aisselles. La serviette descend ensuite vers le sexe, essuie délicatement les bourses et l’entrejambe. Puis, elle continue le long des cuisses, des jambes, jusqu’aux pieds.
    Après la douche, le beau corps musclé est désormais propre et frais. Après la branlette, il est désormais soulagé. Mais, comme son esprit, il n’est pas pour autant apaisé. Pas du tout.
    La serviette humide atterrit dans le panier à linge et le bogoss vaporise copieusement son déo de mec sur son torse et sous ses bras. Un instant plus tard, il passe un débardeur blanc, ainsi qu’un boxer noir. Et il profite de la discrétion offerte par la nuit pour partir fumer une dernière cigarette sur la terrasse sans s’habiller davantage.
    Une envie assouvie faisant place à la suivante, le bobrun réalise qu’il a faim. Il ouvre le frigo, il attrape un reste de pizza qu’il fait chauffer au micro-ondes. Il s’installe devant la télé et il dévore sa pizza tout en zappant en boucle les cinq chaînes en clair.
    Le bobrun n’est pas dans son assiette, quelque chose le perturbe, l’inquiète. Quelque chose vacille dans sa jolie petite tête. Et même la branlette sous la douche, d’habitude bien efficace pour apaiser n’importe quelle inquiétude, du moins le temps de trouver le sommeil, n’a pas eu l’effet escompté.
     
    28 En attendant le bac
    Jeudi 31 mai 2001.

    Je n’arrive pas à m’expliquer pourquoi Jérém refuse si violemment ma tendresse et à me dire que c’est sans doute à cause du fait que je suis un mec. Me baiser oui, mais mes baisers, certainement pas.
    « Si ça ne te convient pas, il vaut mieux qu’on en reste là ! ». « Fiche-moi la paix ! » : ses règles sont claires, c’est à prendre ou à laisser.
    Oui, j’essaie de comprendre si je n’avais pas fait le faux pas de trop, à me demander s’il y aurait de nouvelles « révisions » ou pas. Quel con j’ai été, j’ai tout gâché !
    Mais aussi, qu’est-ce qu’il est chiant ce mec, à ne vouloir que du sexe, rien que du sexe. Personne ne lui a jamais appris qu’il n’y a pas que ça dans la vie ? Personne ne lui a appris que les câlins font un bien fou ?
    Moi aussi j’adore le sexe, j’adore tout ce que mon beau mâle brun me fait. Mais lorsque nos corps se déboîtent, je ressens en moi d’autres envies, d’autres besoins. Des besoins de tendresse. D’autant plus qu’après l’amour, mon bobrun a souvent cet air déboussolé, perdu, qui le rend terriblement touchant, comme si l’orgasme éclipsait temporairement le mâle sûr de lui et débordant de testostérone, pour laisser apparaître un garçon avec ses fêlures et sa solitude.
    Après le sexe, je crève d’envie de le prendre dans mes bras, de poser des baisers sur sa peau. Chose faite, avec un succès tout à fait mitigé.
    Est-ce que vraiment j’ai tout fichu en l’air avec ces maudits bisous ?
    Je repense sans cesse au bonheur de passer mes doigts dans ses cheveux, de poser mes lèvres sur sa peau, et je ressens une envie brûlante de recommencer, d’y revenir, une envie à en crever.

    Ce jeudi, le bogoss débarque en cours habillé d’un t-shirt marron avec les bords du col et des manchettes de couleur blanc, t-shirt qui habille son torse et retombe sur son jeans en toute simplicité et en toute sexytude. Des baskets noires et vertes complètent sa tenue.
    Sa peau mate gagne chaque jour un ton de bronzage, sa petite barbe est à craquer, tout comme sa chaînette et son putain de sourire, un sourire de mec sûr et certain de son pouvoir de séduction.
    La saveur de sa mâlitude est par ailleurs rehaussée par les épices puissantes que sont sa jeunesse et son effronterie de jeune loup. Voilà les ingrédients d’un « cocktail masculin » irrésistible.
    Ce jeudi, en cours, Jérém m’ignore, comme d’hab. Il ne vient pas vers moi, et moi je n’ose pas aller vers lui.
    C’est dur de le retrouver en cours après avoir couché avec lui, dur de capter ce déo de mec qui me met tout sens dessus-dessous, qui fait ressurgir en moi les images et les sensations les plus torrides, son torse nu, ses épaules, ses pecs, ses abdos, sa queue en moi, son goût dans ma bouche, sa transpiration, les ondulations de sa chaînette au rythme de ses coups de reins, l’orgasme qui s’affiche sur son visage, son jus en moi.
    Ce jeudi, un papier circule dans la classe pour noter les noms de ceux qui souhaitent prendre part à la soirée resto-boîte prévue pour le week-end même. C’est une initiative au timing judicieux, presque deux semaines avant le bac, au cas où tout le monde ne l’aurait pas, ce qui rendrait plus délicate une dernière sortie tous ensemble.
    Tout le monde semble excité à l’idée de faire une dernière fois la fête ensemble. Pourtant, pour moi, cette soirée, cette feuille, ne sont que les sinistres présages de la fin du lycée. Une fin que je redoute par-dessus tout.
    Car, une fois que le lycée sera fini, une page de ma vie va se tourner, laissant derrière-moi tout ce qu’elle contient : les cours, l’organisation du temps qui a façonné ma vie pendant des années, les profs, les camarades.
    Certes, pour moi le lycée n’a pas toujours été une promenade de plaisir, on s’est souvent moqué de moi, « Nico le pd ». Parfois, j’ai même été en cours à reculons, surtout les jours où il avait cours de Sport : j’étais nul dans tous les sports, et ça ne faisait que décupler les moqueries dont j’étais victime au quotidien.
    Pourtant, maintenant que le compte à rebours est enclenché, maintenant que la fin de ce petit monde approche, je me surprends à regretter cette période de ma vie. Dans trois mois, je vais partir à Bordeaux pour mes études, je vais quitter Toulouse, ma ville, j’aurai mon studio, je vivrai seul. Je vais quitter tout ce que je connais pour partir vers l’inconnu, un inconnu qui me donne le vertige.
    Un vertige qui tient en grande partie à une question qui m’obsède et dont je n’ai pas la réponse : est-ce que je vais revoir Jérém, après le bac ?
    D’ailleurs, qu’est-ce qu’il va faire Jérém, après le bac ?
    Non, il ne faut pas rêver, il n’y a pas d’avenir pour nos « révisions », pas plus que pour ces câlins que je rêve de pouvoir lui faire. Dans un mois, tout sera fini, nos routes vont se séparer et nous ne nous reverrons peut-être plus jamais. Je pressens déjà l’infinie tristesse que cela va engendrer en moi, tout comme j’imagine la facilité avec laquelle Jérém va certainement m’oublier.
    Lorsque la feuille arrive sur mon banc, je cherche les cinq lettres de son prénom. Je les trouve très rapidement, griffonnées dans cette calligraphie brouillonne que je connais bien, car elles brillent à mes yeux plus fort que toutes les autres, comme gravées en surimpression. Je fixe son prénom sur la feuille et je sens les larmes monter aux yeux.
    Je ne sais même pas si j’ai envie d’y aller à cette soirée, je n’ai vraiment pas le moral pour. Et revoir Jérém, alors que nos « révisions » sont probablement terminées, le regarder draguer des nanas, tout cela me paraît au-dessus de mes forces.
    Pourtant, au fond de moi, je me dis que je ne peux décemment pas manquer cette soirée. C’est certainement la dernière fois que nous serons tous réunis, si je rate ça, je vais le regretter.
    Je prends une bonne inspiration et je marque mon prénom à la suite des autres.
    Le lendemain, vendredi, pour m’achever après cette semaine éprouvante, Jérém débarque en cours avec un t-shirt blanc du meilleur effet. Le bogoss est assis juste à côté de la fenêtre, et le coton immaculé baigne dans la lumière du soleil du mois de juin.
    Je suis assis quelques bancs derrière lui, un peu décalé, de sorte que je peux le mater jusqu’à l’overdose, sans crainte d’être repéré ; mater son cou, son dos puissant, ses oreilles sexy, me laisser éblouir par le contraste entre ses beaux cheveux bruns, sa peau mate, la couleur foncée de son tatouage et la blancheur aveuglante de ce coton doux qui enveloppe cette merveille absolue qu’est sa plastique.
    A midi, j’ai carrément mal aux yeux à force de mater ce t-shirt blanc enveloppant son torse de fou.
    Mais comment renoncer à s’enivrer de cette vision presque divine, cette beauté masculine qui se renouvelle à chaque instant et dont il m’est impossible d’être rassasié ?
    Le mater est à la fois un bonheur sans égal et une torture insupportable. Si près, et si loin à la fois…


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